Chroniques Atomiques – Partie 2 : Qui a tué la petite Astrid ?

Maxime Feyssac

Qui a tué la petite Astrid ?

Bonjour à tous et à toutes, et bienvenue dans cette nouvelle chronique atomique. Vous vous souvenez la dernière fois lorsque je vous disais que la France avait décidé d’abandonner ses programmes de recherches novateurs ? Eh bien aujourd’hui on va se pencher là-dessus. Soyez attentifs, aujourd’hui on va parler atomes et mots compliqués (mais promis on va rendre ça intéressant).

Août 2019 : mort de la petite Astrid

Le 30 août 2019, le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique ; soit les gros bonnets du nucléaire en France), nous révélait le report à 2050 du projet de réacteur de quatrième génération ASTRID. Pour faire simple, ASTRID c’est un peu le projet qui devait nous remettre dans la course à l’énergie : un projet ambitieux, porté par une ribambelle de gens ultra compétents, qui allaient mettre leurs compétences au service d’un modèle de réacteur propre dernière génération. Ce projet représentait l’aboutissement de (très) longues années de recherche prévues par les lois sur la gestion des déchets radioactifs de 1991 à 2006. Pourtant, et conformément aux habitudes de notre gouvernement actuel, ni l’Assemblée Nationale ni le Sénat n’ont été consultés à ce propos.

L’enquête de l’OPECST

Heureusement, l’OPECST (l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques : un groupe de députés et de sénateurs en charge d’évaluer la stratégie française en matière d’énergie) a été saisi par le Bureau de l’Assemblée Nationale pour réaliser une enquête sur l’arrêt de ce projet, et « ses conséquences au regard des enjeux climatiques, énergétiques et industriels de notre pays ». Car le report de ce projet est un véritable crachat à la face de 30 années de recherche et de développement sur la séparation et la transmutation des éléments radioactifs à vie longue (rien que ça). Ce domaine de recherche constitue en effet un des 3 axes de recherche majeurs initiés par la loi du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs (la fameuse loi « Bataille »). C’est grâce à ces recherches que nous avons pu franchir la première étape qu’est la question de la séparation des éléments radioactifs, et porté notre choix sur la filière des réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium.

Le projet ASTRID devait être quasi-révolutionnaire, et mener à la construction de prototypes destinés à réaliser la transmutation des éléments radioactifs à vie longue. Vous n’êtes pas sûrs de comprendre ? Ce n’est pas grave, retenez simplement ceci : dans les années 2010, « ASTRID » était synonyme d’espoir. Un espoir pour la recherche française, et pour toute la filière nucléaire française.

Mais alors que s’est-il passé ? Pourquoi avoir fait un croche-patte à la recherche française ? Cette décision s’inscrit en réalité dans le programme politique d’un gouvernement qui ne fait pas du nucléaire sa priorité. La programmation pluriannuelle de l’énergie de 2019-2028 n’évoquait pas spécifiquement le nucléaire dans le domaine de la recherche, tout comme la loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030.

Au-delà de ces observations, il est intéressant de se pencher sur les constats de l’OPECST, qui a auditionné près d’une centaine d’acteurs de la filière nucléaire française pour apporter une réponse claire à la question : Qui a tué la petite Astrid, et pourquoi ?

Le mobile du meurtre

Tout d’abord, vous devez garder quelque chose à l’esprit : à l’échelle internationale, la France est considérée comme un acteur majeur du nucléaire, et jouit d’une avance incroyable en termes de recherche sur les réacteurs avancés à neutrons rapide, ainsi que sur le recyclage des combustibles usés. On ne s’en rend pas réellement compte en tant que Français, car les centrales nucléaires font partie de notre quotidien aujourd’hui (quand elles n’ont pas tout simplement mauvaise presse), mais les autres pays nous envient : la France est le boss final du nucléaire en Europe, et tout le monde le sait. Autant vous dire que les autres pays se réjouissent de nous voir abandonner cette filière, alors qu’eux se préparent à nous voler le devant de la scène. La Chine, la Russie et les Etats-Unis sont autant de rivaux qui intensifient leurs efforts de recherche sur le nucléaire du futur. Le nucléaire est aussi (et peut-être surtout) un enjeu de géopolitique. Et le fait que la France risque bientôt d’être dépassée en la matière envoie un message négatif aux jeunes chercheurs et scientifiques œuvrant dans ce domaine, et ces derniers risquent bientôt d’alimenter une fuite des cerveaux qui n’en finit pas.

Le coupable

Dans ses observations, l’OPECST a été clair : le CEA n’est pas l’initiateur de ce report, et essaie tant bien que mal de maintenir les acquis français dans le domaine. Mais même ce dernier avoue que d’ici une dizaine années, faute d’une trajectoire claire, ces acquis seront dépassés. Une recherche de pointe est ainsi indispensable si l’on veut à la fois rester dans la course du nucléaire, et maintenir le haut niveau de compétences des chercheurs et ingénieurs français.

Or, et nous le rappelions dans notre première partie : le nucléaire est l’outil indispensable de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique. Et ça, la plupart des pays en développement l’ont déjà compris ; alors pourquoi pas nous ?

Il se trouve que le domaine de l’énergie en France fait l’objet d’une guerre d’arrache-pied entre les promoteurs de différentes sources d’énergies. C’est un peu une sorte de battle royale entre les partisans du nucléaire, de l’hydrogène, du solaire, de l’éolien, du charbon, etc. Et certains en Europe (coucou l’Allemagne) voient d’un mauvais œil l’indépendance de la filière nucléaire française et aimeraient bien nous faire dépendre d’autres sources d’énergies. D’ailleurs, l’Allemagne cherche à tout prix à ce que le nucléaire ne soit pas qualifié « d’énergie verte » en raison de son faible bilan carbone. Car sinon, les Allemands devront reconnaître l’impensable, l’horreur, quasiment le nazisme : qu’ils sont tout simplement parmi les pires élèves de l’Europe en matière de climat. Ajoutez à tout cela un gouvernement de lâches qui suit bêtement les recommandations de François Hollande (elles aussi dictées par l’Allemagne) en fermant Fessenheim, et vous vous retrouvez avec un homicide volontaire commis en réunion sur la petite Astrid.

Conclusion : que dire, que faire ?

N’allez pas me faire dire ce que je n’ai pas dit : il n’y a pas de grand complot secret allemand qui voudrait détruire la filière nucléaire française. En revanche, il est indéniable que le nucléaire est un enjeu de géopolitique européenne qui suscite à la fois la convoitise et la méfiance. Il est normal que notre souveraineté énergétique (et donc économique) soit vue d’un mauvais œil, et si les rôles étaient inversés la France devrait se comporter de la même manière. Il est surtout de notre devoir de juger sévèrement nos responsables politiques qui n’osent pas défendre ce secteur clef de la souveraineté nationale, et de se mobiliser pour que le nucléaire continue de bénéficier d’un soutien de poids par nos institutions. Vous pouvez aussi écrire des articles dessus sur votre petit think-tank estudiantin pour diffuser un maximum ces infos auprès des jeunes et du grand public.

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Chroniques atomiques- Partie 1 : Pourquoi le nucléaire est le meilleur allié du climat

Maxime Feyssac

Introduction : quelques éléments de contexte

Avant de rentrer dans le vif du sujet, mieux vaut vous donner quelques infos sur le nucléaire, tant c’est un secteur d’activité qui fait l’objet de confusion, d’incompréhension et de manque d’informations. 

Derrière l’aéronautique et l’automobile, le nucléaire est la troisième filière industrielle française : elle fait aujourd’hui vivre 220 000 personnes en France, et près de 3 000 entreprises. D’après la dernière étude des think-tanks Agora Energiewende et Ember, en 2020 le nucléaire était à l’origine de 67 % de la production électrique française. Le parc nucléaire actuel, géré par EDF, compte 56 réacteurs répartis sur 18 sites. 

La totalité de l’uranium nécessaire au fonctionnement de ce parc est importée. EDF achète le combustible final auprès d’Orano (ex-Areva), qui exploite de l’uranium naturel en provenance du Niger, du Canada, de l’Australie et du Kazakhstan. En France, les recherches pour trouver de l’uranium sur le territoire national se concentrent dans les massifs Central et Armoricain, ainsi que dans le nord du Bassin d’Aquitaine

La stratégie française : le « en même temps » macronien

En décembre dernier, notre président Emmanuel Macron affirmait que notre avenir énergétique et écologique passait par le nucléaire ; pourtant, 6 mois plus tôt, c’est lui aussi qui décidait de fermer définitivement la centrale de Fessenheim. Peut-être en avez-vous entendu parler, d’une oreille discrète et distante ; mais savez-vous l’impact que cette fermeture a eu sur le mix énergétique français ? 

Après plus de 400 jours de fermeture, la centrale aurait pu produire 11,401,500 MWh en émettant 79,810 tonnes de CO₂. « C’est pas grave, me direz-vous, on a qu’à construire plus d’éoliennes et de panneaux solaires ! ». Bonne remarque, cher lecteur ; qu’aurait été le bilan carbone de 11,401,500 MWh produites à l’aide d’énergies « renouvelables » ? Sachez que la même énergie fournie par de l’éolien terrestre aurait émis 125,416 tonnes de CO₂ ; ou pire, 510,097 tonnes de CO₂ avec du solaire photovoltaïque. « Mais, et les éoliennes en haute mer ? » Ok, pourquoi pas : la même énergie fournie par de l’éolien offshore aurait émis 135,234 tonnes de CO₂. Et ne parlons même pas du gaz naturel qui aurait émis 5,570,565 tonnes de CO₂. 

(sources : Bot de calcul automatique de la quantité d’énergie électrique qui aurait été produite calculée à partir de la production de la centrale en 2019 (12TWh) divisée par 2 et par 365 pour avoir la production moyenne journalière par réacteur; les données d’émissions se basent sur le CO₂ émis durant l’ensemble du cycle de vie des moyens de production, le tout est rapporté sur la durée de fonctionnement de ces moyens de production et du facteur de charge des différentes sources d’énergie, en se basant sur les données issues des différents rapports du GIEC et Ministère des Affaires économiques et de l’Energie Allemand).

De là à parler du tout premier « écocide » pour qualifier la fermeture de cette centrale nucléaire, il n’y a qu’un pas. Alors, que recherche vraiment notre gouvernement en termes d’énergie ? Comme d’habitude, La République En Marche fait du « en même temps » : en voulant faire plaisir à tout le monde, elle ne satisfait personne. 

« Loi climat » : un texte à côté de la plaque

Pour ceux qui suivent l’actualité politique de plus près, vous me rétorquerez que l’objectif de la prochaine loi Climat et Résilience, actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, est justement de lutter contre le dérèglement climatique. Il est vrai qu’officiellement, le but de cette loi est de « décarboner » l’économie française, en baissant de 40% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, et en atteignant la neutralité carbone en 2050. Mais voilà le hic : il n’y a littéralement AUCUNE mention d’optimisation de la stratégie nucléaire dans ce texte de loi. Pire : le gouvernement envisage de réduire la consommation d’énergies fossiles de 40 % jusqu’en 2030, tout en diminuant la part du nucléaire dans la production électrique à 50 % d’ici à 2035.

Les partisans d’une écologie décroissante vous diront que c’est normal, que le nucléaire est l’ennemi numéro 1 de l’environnement. Pourtant, sans le nucléaire, toutes les prévisions de la loi climat seront impossibles à tenir. Avec la fermeture de centrales nucléaires comme celle de Fessenheim, la France se voit obligée d’acheter à l’Allemagne de l’électricité produite au charbon. « Le nucléaire est aujourd’hui le meilleur allié du climat » ; vous pensez qu’il n’y a que moi qui le dit ? Raté, c’est le rapport officiel du GIEC.

Mais alors, que font les politiques ? Il y a bien eu quelques initiatives timides. Le groupe Les Républicains du Sénat a par exemple voté en mars une proposition de résolution invitant le gouvernement à inclure dans sa transition écologique une stratégie liée au nucléaire.  En gros, une « proposition de résolution » c’est un texte qui n’a pas de valeur contraignante pour le gouvernement, mais qui exprime une préoccupation de la part des sénateurs et qui invite pressement le gouvernement à réfléchir à un problème.

Alors qu’il faudrait investir dans la recherche et dans le nucléaire, terminer le réacteur à eau pressurisée de Flamanville, et réfléchir à des solutions de traitement des déchets nucléaires, on ferme des centrales nucléaires.

Le nucléaire : instrument d’une souveraineté économique et énergétique

Or, réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français revient inévitablement à produire plus de CO². Par exemple, pour satisfaire la demande en énergie cet hiver, la centrale à charbon de Saint-Avold a été mise à contribution plus souvent que les années précédentes ; et comme je le disais plus haut, de l’électricité a aussi été importée d’Allemagne (issue à 40 % d’énergies fossiles).

Dès ses débuts, le but du nucléaire en France était pourtant de ne pas avoir à dépendre d’énergies étrangères. Le développement du nucléaire décolle réellement en France à partir de 1974, au lendemain du 1er choc pétrolier ; la France cherchait en effet une solution pour ne plus dépendre exclusivement des hydrocarbures. 

En septembre 2020, le gouvernement nous a présenté son fameux « plan de relance » de compétitivité industrielle à hauteur de 34 milliards d’euros, avec notamment 600 millions d’euros pour financer la relocalisation de l’industrie. Mais sans nucléaire, alimenter cette industrie en électricité va s’avérer très coûteux et polluant. La filière nucléaire est l’outil le plus adapté à une réindustrialisation des territoires, puisqu’elle permet une production massive d’électricité décarbonée, bon marché, favorisant ainsi l’attractivité internationale. En clair : sans nucléaire, l’industrie française ne sera jamais relancée ; sauf si l’on est prêt à brûler de l’argent (et du charbon) pour faire avancer la machine. Pour rappel, ce sont environ 650 sites industriels électro-intensifs qui sont aujourd’hui raccordés directement au réseau de transport d’électricité.

Dans le camp d’en face, on aime pointer du doigt le nucléaire comme une filière coûteuse en investissement ; elle n’en reste pas moins la plus rentable. Avec moins d’un milliard d’euros d’achat d’uranium, on peut économiser environ 25 milliards d’euros par an d’importation de gaz. De plus, le prix de l’uranium reste relativement stable, contrairement à la plupart des autres combustibles. Aujourd’hui, EDF dispose d’un stock d’uranium permettant 2 ans de production d’électricité (sans compter 8 ans de réserve en enrichissant le stock d’uranium appauvri d’Orano). En comparaison, nos réserves d’hydrocarbures représentent seulement 6 mois de la consommation annuelle française.

Pourquoi vouloir culpabiliser la France sur sa production énergétique et son bilan carbone, alors que l’électricité est 8 fois plus carbonée en Allemagne qu’en France (50 gCO2/kWh contre 400 gCO2/kWh). Contrairement aux idées reçues, la France n’est en rien une mauvaise élève du climat. C’est bien sa faible empreinte carbone qui permet d’attirer des investisseurs étrangers, comme par exemple le fabricant chinois de batteries Envision ; l’électricité nucléaire décarbonée française permet de produire une tonne d’aluminium pour 2 tonnes de CO2, contre 15 tonnes de CO2 en Chine. 

Qu’il est naïf de plébisciter la diminution des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle nationale, alors que celles issues des importations augmentent constamment. Ainsi, le déclin de l’industrie française a non seulement causé la disparition de 130.000 emplois entre 1995 et 2015, mais elle est également à l’origine d’une augmentation de 50% de l’empreinte carbone française par les importations.

Le nucléaire est une énergie qui fonctionne en continu, et qui est « pilotable », contrairement à l’énergie solaire ou éolienne qui nécessite vent et soleil pour fonctionner. Cet hiver, alors que le soleil ne brillait pas et que les éoliennes étaient à l’arrêt, la consommation d’énergie a augmenté, et c’est en partie pour cela qu’il a fallu acheter de l’énergie à notre cher voisin européen.

Bien sûr, le nucléaire n’est pas une énergie sans défauts : le risque d’accidents (même si extrêmement faible) constitue un facteur important à prendre en compte, et la question du traitement des déchets pose encore quelques problèmes (mais là encore, la dangerosité et l’impact des déchets nucléaires sur l’environnement sont largement exagérés ; ce sujet nécessite d’ailleurs un article à lui seul, qui fera suite à celui-ci.) Mais c’est là qu’intervient l’investissement dans la recherche et le développement. La Chine, décidément en avance sur bien des terrains, a investi massivement dans la recherche sur l’énergie nucléaire issue du Thorium, tout comme la Fondation de Bill Gates, ce qui permettrait d’augmenter la rentabilité de l’énergie tout en baissant la production de déchets nucléaires. Pendant ce temps là, la France repousse au-delà de 2050 son projet de réacteur 4ème génération ASTRID.

Par ailleurs, il ne s’agit pas non plus d’opposer bêtement énergies renouvelables et énergie nucléaire. La recherche doit se faire dans ces deux champs, afin d’arriver à une production d’énergie renouvelable plus stable et plus rentable. Mais il ne faut pas désinvestir dans le nucléaire.

Une étude de cas : les JO 2024 à Paris

Un bon exemple de dilemme environnemental et énergétique est celui des prochains Jeux Olympiques qui auront lieu à Paris en 2024. Selon le journal Les Échos du 19 novembre 2019, EDF s’engagerait à respecter un objectif « zéro carbone » émis et à « fournir 100 % » de ses sites en électricité renouvelable afin que les Jeux Olympiques Paris 2024 soient « les plus responsables de l’histoire ». Mais il y a une différence claire entre « électricité renouvelable » et « électricité zéro carbone » (qui inclut, elle, le nucléaire). Ainsi, ce n’est pas car des énergies renouvelables fourniront les JO que ces énergies ne produiront pas de CO².  

Concrètement, comment ça fonctionne ? La production d’électricité issue d’énergies renouvelables (EnR) est par nature intermittente, et n’est toujours pas stockable à grande échelle pour un coût acceptable par la collectivité (par exemple, le 20 octobre 2016, les éoliennes irlandaises ont absorbé de l’électricité du réseau en consommant davantage pour leur fonctionnement que pour leur production totale). Pour contourner cette difficulté et pouvoir prétendre être alimenté en permanence par des EnR, il suffit d’acheter des « garanties d’origine » (GO), une sorte de « certificat vert ». Ces GO, destinées à tracer l’origine de l’électricité produite, sont commercialisables par n’importe quel fournisseur d’électricité, indépendamment de l’électricité physique réellement produite. La conséquence : les GO peuvent conférer l’appellation « énergie renouvelable » à n’importe quelle source de production. Elles peuvent être achetées à l’étranger et sont transférables d’un compte à l’autre. N’importe qui peut donc vendre de « l’énergie verte » en achetant des garanties d’origine (GO) qui « verdissent » toutes les productions ; c’est notamment le cas d’ENGIE, Total, mais aussi EDF. Sans tomber dans le complot, il est intéressant de relever que le meilleur outil de décarbonation de notre économie qu’est l’énergie nucléaire se trouve être le concurrent direct du gaz de Total. Une piste de solution pourrait être de remplacer le terme « énergie renouvelable » par « énergie propre » comme l’ont déjà fait les États-Unis, la Russie, l’Inde ou encore la Chine.